Mis en ligne le 15 mars dernier sur Netflix, le kdrama Chicken Nugget mélange les genres de la comédie absurde, du mystère et de la SF pour un résultat unique en son genre et étrangement divertissant.
Comme nombre de kdramas, Chicken Nugget est une série adaptée d’un format webtoon, signé Park Ji-dok. Une chose est sûre, son pitch ne ressemble à aucun autre ! La série, écrite et réalisée par Lee Byeong-heon, suit les aventures rocambolesques de Choi Seon-man, le patron de l’entreprise “Toutes les machines” et son employé, Go Baek-joong. Tout commence par un improbable accident : Min-ah (Kim Yoo-jung), la fille de Choi Seon-man, qui vient déjeuner avec son père dans l’entreprise, est accidentellement transformée en boulette de nugget après avoir testé une étrange machine.
Dévasté, le père met tout en œuvre pour la sauver. Il est aidé dans sa quête par son employé, Go Baek-joong, un jeune homme lunaire, habillé d’un pantalon jaune et d’un pull bleu flashy, qui a un crush sur Min-ah et rêve de composer de la musique. Ce n’est que le début de cette série toujours plus étrange, composée de dix épisodes d’une demi-heure.
Pour prendre du plaisir devant Chicken Nugget, il faut adhérer à son ton surréaliste et à ses rebondissements toujours plus dingues au fil des épisodes. Comédie de bureau à la The Office (en beaucoup plus perchée) mais aussi quête initiatique avec une pointe de SF et du genre historique, elle ne ressemble au final à rien de connu et c’est ce qui en fait une œuvre aussi rafraîchissante et séduisante.
Une série excentrique et touchante
Chicken Nugget repose sur l’alchimie et la performance de ces deux héros malgré eux, qui réhabilitent le jeu comique basé sur les grandes gestuelles et un corps qui déraille (tremble Jim Carrey !). Le duo formé par Choi Seon-man et Go Baek-joong fonctionne comme ceux des “buddy movies”, ces films de potes masculins hollywoodiens, mais il ne correspond à aucun des clichés occidentaux en la matière. Père célibataire et veuf, Choi Seon-man ne cache pas son désespoir de n’avoir pas su protéger sa fille, la personne la plus importante de sa vie. Il pleure, il supplie, il hurle comme un possédé et c’est à la fois touchant et hilarant. Son employé, Go Baek-joong, n’a également rien d’un mâle alpha. Inadapté dans cette société productiviste et capitaliste basée sur la performance et le paraître, il est en froid avec ses parents après leur avoir avoué qu’il souhaitait être artiste. Avant de devenir un nugget pour la majeure partie de la série, Min-ah lui a fait comprendre qu’il n’avait pas toutes les qualités requises d’un gendre idéal. On se doute que la jeune femme va changer d’avis quand elle réalisera, à la fin de la série, toutes les épreuves que Go Baek-joong a traversé pour la sauver.
Image © Netflix
Si le scénariste exploite assez bien la prémisse de départ (avec des séquences vraiment drôles, comme celle où le nugget Min-ah se retrouve mélangé à d’autres nuggets, au grand dam de Choi Seon-man), on aurait aimé qu’un épisode au moins s’attarde sur le ressenti de Min-ah (ça fait quoi d’être un chicken nugget ? Le monde veut savoir !). D’autant qu’un personnage secondaire masculin, le scientifique frappadingue Yoo In-won, a lui droit à un double épisode un peu longuet en milieu de saison, pour raconter toute l’histoire (bien barrée) des machines aux propriétés surnaturelles, ainsi que sa propre transformation en chenille.
Malgré des épisodes inégaux (certains, trop explicatifs, nous perdent un peu), Chicken Nugget reste une bonne surprise au rayon des kdrama. Elle s’autorise toutes les étrangetés possibles, et son imprévisibilité est une de ses plus grandes forces, dans un paysage sériel souvent très formaté. Vous ne savez pas quand vous allez rire, et il se peut que ce ne soit pas au même moment que la personne avec laquelle vous regardez la série, mais on vous garantit qu’à un moment ou à un autre, vous allez rire devant Chicken Nugget ! Et vous serez aussi émus face à la quête de certains personnages, humains… ou non !
Marion Olité